Échantillons de tissus en fils de verre dits « Textiglass », par Pierre Genin et Cie, vers 1945

Lancée dans les années 1930, la fibre de verre textile est à la recherche de débouchés : incombustible et imputrescible, elle est adaptée à l’isolation électrique, à l’élaboration des tissus d’ameublement et à l’aménagement des salles de spectacle.

Pierre Chapsal, l’homme du verre textile à Saint-Gobain, est convaincu qu’elle a de l’avenir : il prend contact avec la Société Pierre Genin et Ciedes, des soyeux lyonnais qui apportent leur expérience du tissage d’une fibre aux propriétés voisines, la soie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, en pleine période de pénurie généralisée, la fibre de verre est d’autant plus intéressante qu’elle n’est pas rationnée. La marque « Textiglass » est déposée par Pierre Génin et Cie en 1944 : elle donnera lieu à la fabrication de tissus aujourd’hui conservés par le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM). Leurs beaux motifs imprimés en teintes vives sur fond blanc ont été réalisés par le procédé d’impression au rouleau en relief, comme pour le papier-peint.
L’expérience n’est cependant guère concluante : le tissu de verre résiste mal à l’abrasion, sa raideur et l’impossibilité d’obtenir des teintes unies solides autrement que dans les coloris pastel sont des défauts trop importants aux yeux de la clientèle. L’avenir se trouve ailleurs, dans le renforcement des matières plastiques qui donnera naissance dans les années 1950 aux matériaux composites. C’est dans cette voie que Saint-Gobain s’engage avec Pierre Génin et Cie et l’une de ses filiales, la Société du Verre Textile.