La Maison de verre

« Au cœur du faubourg Saint-Germain à Paris, dans une rue silencieuse bordée de maisons et d'hôtels biens clos du XVIIIe siècle, on pénètre sous un porche obscur, on arrive dans une cour. Et voici qu'une vision étrange s'offre aux regards : une grande muraille de verre s'élève, formée d'éléments carrés sertis de béton et cloisonnés d'armatures métalliques ».

C'est ainsi que le reporter de Glaces et Verres raconte sa découverte, à l'été 1930, du chantier de la maison que l'architecte Pierre Chareau est en train de construire pour le docteur Dalsace.
Cette réalisation avant-gardiste est avant tout un chantier expérimental. Pour apporter le maximum de lumière à la construction située dans une arrière-cour, il réalise des façades entièrement translucides. Il supprime les fenêtres, ne conservant que des petites ouvertures de sécurité, et adopte, pour la première fois à une échelle aussi importante, la brique Nevada de Saint-Gobain, qui fait office de peau protectrice du bâtiment.
Surpris par l'ampleur du projet, Saint-Gobain n'accorde pas sa garantie à l'utilisation de son produit. Pierre Chareau trouve seul la solution technique : pour éviter l'éclatement des pavés, la façade est constituée d'une trame d'acier distincte des panneaux de 24 briques afin de transmettre les charges de chacun d'eux directement à la structure. Cette structure met en valeur les qualités décoratives de la brique Nevada, martelée sur l'une de ses faces et concave sur l'autre, de façon à alléger la pièce et à favoriser la diffusion de la lumière.