L'invention de la fenêtre moderne

De nos jours, il est difficile d’imaginer une habitation dépourvue d’ouvertures vitrées. La fenêtre telle que nous la connaissons n’apparaît pourtant qu’à partir de la fin du XVIIe siècle. Auparavant, les ouvertures petites et peu nombreuses des maisons à pans de bois ne laissaient entrer le jour que parcimonieusement. Elles sont désormais remplacées par de grandes fenêtres qui bénéficient d’innovations décisives dans les domaines de la menuiserie et de la fabrication du verre à vitre.

La fenêtre à la française composée de deux battants qui s’ouvrent verticalement s’impose progressivement : comme l’écrit un architecte du temps, elle a l’avantage de laisser passer, lorsqu’on l’ouvre, « tout le volume d’air, ainsi que toute la gaieté du jour ». Les carreaux de verre à vitre que les vitriers fixent sur les petits bois des châssis sont découpés dans des feuilles de verre de plus en plus grandes. Dans le deuxième tiers du XVIIIe siècle, la verrerie de Saint-Quirin en Lorraine obtient, par le procédé du soufflage en cylindre, des feuilles de verre à vitre mesurant jusqu’à 65 cm sur 47 ; elle devient une concurrente directe de la Manufacture royale lorsqu’elle aborde la fabrication de la glace en 1771 (elles fusionneront en 1858). Le « verre d’Alsace » produit à Saint-Quirin rivalise avec le « verre de Bohême », plus blanc, qui peut atteindre jusqu’à un mètre de haut sur 80 cm. La manufacture de Saint-Gobain a brièvement tenté de fabriquer ce produit de luxe au milieu du XVIIIe siècle en construisant une halle à cet effet et en faisant venir des ouvriers allemands, sans succès.