Arthur Lacroix (1810-1864), directeur de la soudière de Chauny

Arthur Lacroix, directeur de la soudière de Chauny de 1832 à 1864, s’est totalement identifié à la grande usine chimique de Saint-Gobain au XIXe siècle.

Il y entre à l’âge de onze ans comme simple aide-magasinier sous les auspices de son père, contremaître. Clément-Désormes le remarque et l’accueille à Paris en 1830 pour lui enseigner les rudiments de la chimie industrielle. Revenu à Chauny en 1831 comme chef-adjoint de fabrication, il en devient directeur un an plus tard, à seulement 22 ans, pour monter l’outillage imaginé par Clément-Désormes. Le vibrant éloge qu’Albert de Broglie prononce à sa mort devant une foule d’ouvriers montre qu’il a fait plus que s’émanciper de la tutelle de son mentor : « cette jeunesse de M. Lacroix, dit-il, passée dans une condition et dans des travaux dont il ne répudiait pas le souvenir, le rendait merveilleusement propre à la situation qui lui était faite : celle d’intermédiaire entre l’administration supérieure de Saint-Gobain (malheureusement trop éloignée, bien qu’elle ne soit jamais ni inattentive ni indifférente), et les courageux soldats de nos ateliers, sur qui reposent la force et la gloire de notre industrie »Arthur Lacroix ne fut pas l’homme d’une politique industrielle, mais un administrateur efficace et apprécié pour ses qualités humaines, en un temps où la chimie, fabrication nouvelle, n’était marquée par aucune tradition industrielle (contrairement aux glaces) et où les ingénieurs n’avaient pas encore imposé leur magistère technique.