Auguste Matringe (1894-1984), directeur de l'usine chimique de Saint-Fons

Le nom d’Auguste Matringe est resté attaché à l’usine de Saint-Fons (Rhône), l’une des principales usines chimiques de Saint-Gobain. Il y accomplit l’essentiel de sa carrière : arrivé comme ingénieur en 1923, il en a été directeur de 1936 à 1959.

Sa direction marque un tournant technique : la vocation de son usine était de produire de l’acide sulfurique, le « pain » de l’industrie chimique, dont il aimait à se dire le « boulanger ». À partir de 1938, il supervise la mise au point d’un procédé de polymérisation du chlorure de vinyle : il s’agit de rendre solide un gaz dérivé du chlore pour obtenir du plastique (PVC). Saint-Gobain s’oriente vers une activité nouvelle, la chimie organique.
Auguste Matringe a surtout marqué de son empreinte l’histoire de Saint-Fons par son rôle qu’il a joué pendant la Seconde Guerre mondiale : vétéran de la Grande Guerre et chrétien engagé, il estime que son rôle de directeur après la défaite de 1940 est de préserver son usine et son personnel. Après avoir adhéré au régime de Vichy, il s’en détourne en protégeant des réfractaires du STO en 1943 et en cachant les familles de ses ouvriers juifs dans l’usine même puis dans les villages des monts lyonnais : en 2000, il a été reconnu Juste parmi les Nations par le mémorial de Yad Vashem pour avoir contribué à sauver 87 personnes des persécutions nazies.