Edouard Morénas (1879-1950), directeur de l'agence de Saint-Gobain à Bruxelles

Ce soldat qui pose avec beaucoup de dignité devant l’objectif d’un photographe anonyme s’appelle Édouard Morénas. Sous-directeur de l’agence de Saint-Gobain à Bruxelles dans le civil, il a été mobilisé comme caporal dans l’armée belge le 4 août 1914 et fait prisonnier dès les premiers mois de la guerre.

Interné au camp d’Oude-Mirdum, il adresse son portrait à Denis Comberousse, chef du service commercial de la Direction générale des glaceries, qui venait de perdre un fils au champ d’honneur.
Prisonnier dans un camp allemand tout au long de la guerre, Édouard Morénas était pourtant entré à Saint-Gobain en 1902 comme secrétaire de direction à la glacerie de Stolberg et avait commencé une belle carrière dans les services commerciaux : au moment du déclenchement de la guerre, il était chargé de recevoir les commandes pour les usines de Saint-Gobain en Allemagne.
La trajectoire d’Édouard Morénas illustre le drame vécu par beaucoup de salariés de Saint-Gobain : ils étaient attachés à une Compagnie dont la dimension européenne transcendait les frontières mais la Grande Guerre, qui fut avant tout un choc de nations, les renvoyait à leur appartenance nationale, rompant les liens professionnels et personnels tissés dans les usines et les agences commerciales.
Démobilisé en décembre 1918, Édouard Morénas retrouve son poste à l’agence de Bruxelles, dont il devient directeur en 1930. C’est son fils, Édouard, qui le remplace en 1945.