1970 : Saint-Gobain et Pont-à-Mousson fusionnent

En 1970, Saint-Gobain crée la surprise en fusionnant avec Pont-à-Mousson (PAM). Affaibli par la tentative de prise de contrôle par BSN en 1968-69, le groupe se désengage de ses activités chimiques et trouve en Pont-à-Mousson un partenaire financier solide. C’est le président de PAM, Roger Martin, qui prend aussitôt la présidence du nouveau groupe.

1970 reste une date importante dans l’histoire de Saint-Gobain en raison de cette fusion imprévue du Groupe et de l’entreprise Pont-à-Mousson (PAM), créée en 1856 et spécialisée dans les tuyaux de fonte. En apparence, l’avantage revient au groupe verrier qui apporte des actifs 2,5 fois supérieurs à ceux de Pont-à-Mousson, mais la réalité est plus complexe.
Saint-Gobain se trouve en effet affaibli par la tentative de prise de contrôle du groupe Boussois-Souchon-Neuvesel (BSN), autre groupe verrier spécialisé dans la fabrication de verre d’emballage et de verre plat. Si l’offre publique d’échange lancée par Antoine Riboud, le PDG de BSN, en 1969 échoua devant la vigoureuse réaction du président Arnaud de Vogüé, elle avait contraint la Compagnie à épuiser sa trésorerie au moment où elle se trouvait engagée dans un effort d’investissement considérable pour se convertir à la révolution technologique du float glass. Ces problèmes financiers précipitent le désengagement des activités chimiques en 1970 et le mariage, arrangé par la banque Suez, avec Pont-à-Mousson dont la situation financière était bien meilleure.
Le Groupe lorrain – dont le premier métier restait la fabrication de canalisations en fonte – avait de son côté décidé en 1964 de se retirer progressivement de la sidérurgie et cherchait à se diversifier : les intérêts convergents de Pont-à-Mousson et de Saint-Gobain permettent d’envisager la fusion. Le retrait récent des familles actionnaires, et en premier lieu de la famille Paul-Cavallier, laissait les mains libres à son PDG, Roger Martin, personnalité forte et indiscutée qui prend aussitôt la présidence du nouveau Groupe Saint-Gobain – Pont-à-Mousson. Le défi est de taille, puisqu’il s’agit de rapprocher deux entreprises que tout oppose : histoire, produits, taille, style de management