1872 : Saint-Gobain développe sa branche chimique en fusionnant avec Perret-Olivier

En 1872, Saint Gobain fusionne avec la maison lyonnaise Perret-Olivier, premier producteur français d’acide sulfurique. Les produits chimiques, utilisés dans les compositions verrières et commercialisés pour d’autres usages, représentent environ 60 % du chiffre d’affaires de la Compagnie de Saint-Gobain qui reste néanmoins vouée, dans l’esprit de ses dirigeants, à la fabrication des glaces.

Vers 1860, l’heure est à l’inquiétude dans l’industrie chimique française : alors que la première révolution industrielle épuise ses effets, le traité de libre-échange signé par Napoléon III avec le Royaume-Uni révèle les carences et le retard technique de l’industrie chimique française.
La branche chimique de Saint-Gobain qui relève de la chimie minérale lourde est bâtie à cette date sur le procédé Leblanc : la filière repose sur l’acide sulfurique, le « pain de la chimie », qui assure la décomposition du sel marin pour obtenir les produits chlorés et sodés nécessaires aux verreries mais aussi aux savonneries, aux huileries et à bien d’autres activités.
Perret-Olivier est l’une des plus spectaculaires réussites de l’industrie chimique : la modeste fabrique de soude créée en 1819 aux Brotteaux par Claude Perret est devenue, en 1870, le premier producteur français d’acide sulfurique. Elle a fondé sa prospérité sur l’idée de griller les pyrites inutilisées qui encombraient le carreau des mines de cuivre pour obtenir de l’acide sulfurique d’une manière beaucoup plus économique que par la combustion du soufre.
Perret-Olivier apporte à Saint-Gobain un important domaine minier et industriel : le nouvel outil chimique contribue pour 40 % à l’alimentation du marché national des grands produits de base. Le développement de la branche chimique vise à donner une sécurité au groupe que cette fusion renforce considérablement. Cependant, il se trouve bientôt déclassé par le procédé Solvay de soude à l’ammoniaque. Pour Saint-Gobain, il faudra trouver de nouveaux débouchés à son acide sulfurique. Le développement des engrais chimiques pour l’agriculture lui en donnera la possibilité à partir de la fin du XIXe siècle : en 1913, les « superphosphates » absorbent 60 % de sa production.