1665 : Louis XIV fonde la Manufacture royale des glaces à miroirs à l’instigation de son ministre Colbert

En octobre 1665, par ces "lettres patentes", le roi octroie au financier Nicolas Dunoyer et à ses associés un privilège exclusif de fabrication de « glaces à miroirs ». L'objectif est de battre en brèche la suprématie de la République de Venise sur le marché des miroirs en Europe. Les débuts techniques et financiers de la manufacture, installée au faubourg Saint-Antoine à Paris, sont néanmoins très difficiles.

L’octroi de ce privilège pour vingt ans renouvelables, assorti de diverses mesures de protection et d’exemptions fiscales, est un acte solennel et témoigne de l’intérêt que le pouvoir royal porte à l’entreprise. Le monopole industriel et commercial que confèrent les lettres patentes aux associés les protège en France contre la redoutable concurrence vénitienne. Les associés de la Compagnie Dunoyer qui apportent les capitaux sont issus de la clientèle de Colbert, le puissant ministre de Louis XIV. La manufacture bénéficie de l’aide de l’État pour débaucher les verriers vénitiens mais ceux-ci refusent de transmettre leurs secrets de fabrication. Les problèmes techniques s'ajoutent aux problèmes financiers car les dépenses excèdent largement le capital initial. Les Vénitiens sont renvoyés en mars 1667 et presque aussitôt remplacés par un gentilhomme verrier, Richard Lucas de Nehou. Celui-ci apporte à la Compagnie la glacerie qu’il possède à Tourlaville, en Normandie, ainsi que sa maîtrise de la technique du verre blanc soufflé en manchon nécessaire à l’obtention de glaces de qualité « façon de Venise ». Désormais, les glaces sont soufflées en Normandie et transportées brutes à Paris, où elles sont transformées avant leur commercialisation. Ce sont ces glaces qui orneront la célèbre Galerie du château de Versailles en 1684.